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Delta du Niger : l'armée nigériane accusée de violences de divers ordres

Nigéria

Le ratissage effectué par les militaires nigérians dans le but d‘écraser la rébellion des Vengeurs du Delta du Niger s’avère amer pour les habitants de cette région du Nigeria, riche en pétrole, mais dont les autochtones vivent dans une extrême misère. Plusieurs cas de viols ont été dénoncés par les habitants, qui accusent les militaires. Le risque de radicalisation des populations du Delta du Niger est donc réel.

A la recherche d’un groupe de villageois qui abriteraient Tompolo, un ancien chef rebelle de la région, l’armée nigériane a déployé des moyens colossaux dans les marais du Delta, non sans se heurter à la furia des populations. En effet, ces dernières accusent l’armée de violences à leur encontre. Au moins quinze personnes ont été arrêtées.

« Les gens sont très en colère à cause de l’arrestation de personnes innocentes au nom de la recherche de vandales de pipelines », a déclaré Eric Omare, un porte-parole du Conseil de la jeunesse Ijaw, qui représente le principal groupe ethnique dans la région du Delta du Niger.

Parmi les quinze suspects arrêtés, cinq ont été libérés. Après vérification, il se trouve qu’il s’agit en fait de travailleurs du secteur pétrolier, qui n’ont rien à voir avec les rebelles. Selon des activistes, plusieurs étudiants n’ayant aucune relation avec les Vengeurs restent en garde à vue.

Le viol comme instrument de terreur et de vengeance

Selon des membres de la communauté d’Oporoza, localité dans laquelle l’armée à effectué des descentes, leurs maisons ont été fouillées en pleine nuit par les soldats. Mais les allégations les plus alarmantes viennent des cas de viols.

« Deux villageoises ont dit avoir été violées, tandis que deux autres ont signalé des pillages. Un villageois a dit qu’il a été frappé par un soldat avec la crosse d’un fusil. Deux d’entre eux (les soldats) ont pris d’assaut ma maison et ont cassé les portes », a laissé entendre Ebimobore Oboivu, la cinquantaine, effondré devant sa hutte.

Mais ces accusations sont balayées du revers de la main par Rabe Abubakar, le porte-parole de l’armée. Celui-ci martèle que les hommes en armes n’ont fait aucun usage de la force lors de leur descente sur les lieux. « La raison pour laquelle nous sommes ici, c’est à cause de certains criminels, qui par tous les moyens, décident de poser des actes impies et inappropriés contre leur pays », a souligné Rabe Abubakar.

Mais la nécessité d’une enquête visant à faire la lumière sur ce qui s’est passé, a été évoquée par le gouvernement de l’Etat du Delta, qui est sous la juridiction de la localité d’Oporoza. « Ce n’est pas la première fois que de telles allégations sont faites », a déclaré le porte-parole du gouvernement de l’Etat, Charles Anaigwu.

Simply Timi, une femme vivant dans la zone, témoigne de la sauvagerie à laquelle se seraient adonnés les hommes en armes sur sa personne. Elle affirme être victime d’un viol collectif. « J’ai entendu une forte détonation à ma porte et trois hommes de l’armée sont entrés chez moi. L’un d’eux m’a clouée au sol et ils m’ont tous violée », lâche-t-elle.

Muhammadu Buhari, le président nigérian, a procédé à une refonte de son armée, accusée depuis fort longtemps d’abus de toutes sortes. Mais cela ne semble pas avoir changé grand-chose, dans la mesure où les associations de défense des droits de l’Homme accusent souvent les militaires de détentions sans mandat d’arrêt, de pillages et de bastonnade des prisonniers.

Des mesures d’amnistie qui tardent à se mettre en place

Ekpemupolo, plus connu sous le nom de Tompolo, est un ancien chef rebelle du Delta du Niger, qui a déposé les armes avec d’autres commandants en 2009, en vertu d’une amnistie promettant des paiements en espèces généreuses.

Le président nigérian, qui avait prévu ce plan d’amnistie pour les ex-combattants du Delta du Niger, a dû revoir à la baisse le budget de ce plan (d’amnistie), compte tenu de la chute des cours mondiaux du pétrole, dont dépend grandement le Nigeria. Ce plan comprend, entre autres, le financement de la formation professionnelle des chômeurs de la région. Mais ce resserrement de budget a augmenté le sentiment de délaissement, qui animait depuis longtemps déjà les population du Delta.

Pour les militaires, les villageois aident Tompolo à se cacher. Ils ont saccagé la maison de ce dernier et en ont fouillé plusieurs autres. Mais selon certaines sources qui ont requis l’anonymat, les fouilles de l’armée ne lui ont pas permis d‘établir des preuves de collusion entre les rebelles et les populations locales.

« Vous ne pouvez pas ruiner la vie de toute une communauté à cause d’un seul homme », a fustigé Nelson Okagbami, un chef de file de la localité d’Oporoza.

Plus tôt cette semaine, des espoirs de négociations entre le gouvernement et les militants armés avaient jailli, lorsque les gouverneurs du Delta du NIger se sont accordés avec le vice-président Yemi Osinbajo pour discuter autour d’une table. Mais cette descente musclée des militaires semble ruiner les efforts entrepris.

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