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L'Éthiopie annule les examens d'entrée à l'université nationale après une fuite des sujets

L'Éthiopie annule les examens d'entrée à l'université nationale après une fuite des sujets

Ethiopie

Les autorités éthiopiennes ont annulé les examens d’entrée à l’université nationale, initialement prévus le 30 mai, après que les sujets ont été divulgués en ligne et largement diffusés sur les médias sociaux. Une fuite revendiquée par un groupe de soutien au peuple Oromo d‘Éthiopie.

A dix-sept ans, Moges Bekele a étudié dur pour les examens d’entrée à l’université d‘Éthiopie, mais le 30 mai, ils ont été annulés après la divulgation des sujets sur les médias sociaux.

“J’ai été choqué d’apprendre la nouvelle. Je pensais que tous mes efforts jusqu‘à ce moment s‘étaient effondrés, je me sentais vraiment mal. J’ai commencé à me demander ce qui allait arriver. Quand et comment allons-nous avoir le prochain examen ? Je ne peux pas expliquer ce que j’ai ressenti. Il n’y avait pas de mots”, a-t-il déclaré.

Selon les activistes qui luttent pour les droits de la communauté Oromo d‘Éthiopie, la fuite des sujets aurait servi à faire en sorte que les élèves Oromo puissent étudier parce qu’ils ont quitté l‘école pendant plusieurs mois suite à une répression policière des manifestations contre le projet de réquisition des terres dans leur région.

Le gouvernement a voulu développer les terres agricoles autour de la capitale, Addis-Abeba, et son plan a déclenché un des pires troubles civils pendant une décennie. Des groupes de défense des droits, des dissidents basés aux États-Unis ont annoncé qu’environ deux cent personnes pourraient avoir été tuées.

Selon les officiels en revanche, le chiffre serait beaucoup moins important, mais ils n’ont pas donné de chiffre spécifique. Human Rights Watch a déclaré que certaines écoles et universités sont restées fermées et que les enseignants auraient été arrêtés dans le but d’empêcher d’autres manifestations.

Jawar Mohamed est un activiste et un des directeurs de la société américaine Oromia Media Network.

“Oui, l’examen a été divulgué par un consortium de militants d’Oromo qui ont fait campagne pour les droits d’Oromo sous le hashtag protestations Oromo. L’objectif de sortir les sujets de l’examen répond au fait qu’au cours des six derniers mois, il y a eu des protestations et des perturbations à Oromia. (…) Par conséquent, les parents, les enseignants et les intellectuels ont exigé que la date d’examen soit repoussée afin de donner suffisamment de temps aux étudiants pour se préparer. Le gouvernement a rejeté cette offre. Après un appel répété, le dernier recours était de provoquer une fuite des sujets de l’examen et de forcer l’annulation de l’ensemble de l’examen”.

L‘Éthiopie a longtemps été l’un des pays les plus pauvres du monde, mais s’est rapidement industrialisé au cours de la dernière décennie et enregistre maintenant une croissance à deux chiffres. Cependant, la réaffectation des terres est une question épineuse pour les Éthiopiens, dont beaucoup sont des agriculteurs de subsistance.

Les autorités avaient mis au rebut le régime foncier en janvier, mais des manifestations sporadiques persistent dans toute la région d’Oromia, qui est la plus vaste et qui compte la plus forte population de ce pays de la Corne de l’Afrique.
Le gouvernement affirme avoir annulé les examens parce qu’ils ne savaient pas dans quelle mesure le matériel d’examen avait été compromis.

Près de 250 000 étudiants étaient inscrits pour passer l’examen.

“Nous en avons déduit que l’intention de cette fuite était clairement destinée à faire annuler l’examen. Il a été délibérément causé pour une perturbation. Si le but était d’aider un parent, la personne aurait pu le faire discrètement. Telle est la logique pour ce que je comprends. En dehors de cela, je ne dispose pas d’informations concernant la décision du gouvernement face à cette situation,” a déclaré Ahmed Siraj, le directeur par intérim des communications du ministre de l‘Éducation.

La fuite a suscité des critiques et le soutien dans la capitale Addis-Abeba. Une telle action est rare dans un pays où la police est crainte alors que le gouvernement et le pouvoir sont considérés comme oppressifs.

“Fondamentalement, c’est très mal et un crime contre le public d’utiliser les écoles et le système éducatif comme un outil politique. Mais après c’est déjà arrivé et certains étudiants ont été touchés, je pense que le gouvernement aurait dû adoucir sa position”, a déclaré Gezahegn Amare.

Getnet Fekadu : “J’ai mal pour le dommage qui a été causé. La perte de 280 millions de birr (près de 13 millions de dollars) a un effet négatif sur l‘économie et le budget du pays. Une plus grande attention aurait due être apportée au moment où les choses ont commencé à aller dans la mauvaise direction”.

Le gouvernement éthiopien a injecté des millions dans l’enseignement supérieur. Vingt universités fédérales ont été construites au cours des dix dernières années, en ligne avec la stratégie du pays visant à stimuler le développement économique et social.

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