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Liberia : un partenariat public-privé pour améliorer l'éducation

Libéria

Ce partenariat, censé débuter à la rentrée de septembre prochain, vise 120 écoles primaires, pour un coût de 65 millions de dollars (environ 58 millions d’euros), soit près de trois quarts du budget de l‘Éducation du pays.

Le partenariat public-privé mis en place par le gouvernement est vivement contesté par les syndicats d’enseignants et le rapporteur de l’ONU. Mais pour ses promoteurs, cet accord avec le privé pourrait aider à sauver un système éducatif en faillite.

Le gouvernement récuse toutefois le terme de “privatisation”, soulignant qu’il continuera à payer les salaires et à assurer l’entretien des établissements : “c’est un modèle éducatif reconnu aux États-Unis. Il tend à rendre nos écoles publiques meilleures. La BIA a été invitée à dresser un bilan et voir comment aller de l’avant ; en travaillant avec le ministère, en renforçant certaines compétences, en travaillant avec les professeurs et faire en sorte d’améliorer nos écoles publiques”, a déclaré Shannon May, co-fondatrice et directrice stratégique de Bridge International Académies.

Les carences du système éducatif libérien sont criantes : plus de deux tiers des enfants en âge scolaire ne vont pas en classe, selon l’ONU, et le pays ne comptait en 2013 que 15.000 instituteurs pour 675.000 élèves âgés de 6 à 11 ans, soit 1 pour 45, selon des statistiques officielles.

Inquiets pour leurs emplois et leurs conditions de travail, les syndicats d’enseignants ont dénoncé une “privatisation” rampante et menacé de faire grève. La méthode de Bridge International repose sur des cours magistraux dispensés avec l’aide d’une tablette numérique à des classes d’une cinquantaine ou d’une soixantaine d‘élèves, avec beaucoup d’apprentissage par cœur.

La tablette permet de s’assurer que le programme est suivi, mais aussi de mieux contrôler l’absentéisme et les résultats des élèves. Un modèle peu adapté au Liberia, “où seulement 2 % de la population a accès à l‘électricité”, selon Mary Mulbah, présidente en exercice du Syndicat national des enseignants du Liberia (NTAL).

De la responsabilité du gouvernement

Le manque de moyens financiers est décrié par les syndicats et les spécialistes de l‘éducation comme Jonah Nyenpan, membre d’un groupe d’ONG pour qui, le gouvernement préfère se défausser sur le secteur privé plutôt que de traiter en profondeur “le véritable problème, qui est le manque de volonté de financer correctement les écoles”.

En mars, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l‘éducation, Kishore Singh, avait reproché au gouvernement de “sous-traiter à une compagnie privée” son école primaire “à une échelle sans précédent, en violation des obligations légales et morales du Liberia”. “Au lieu de soutenir des entreprises d‘éducation, les gouvernements devraient augmenter leurs dépenses dans les services éducatifs publics pour les améliorer”, avait-il estimé.

D’autres experts pensent qu’un tel système pourrait au contraire améliorer l‘éducation, et même la rendre meilleure. L‘économiste Justin Sandefur, du Center for Global Development, à Washington, se dit “prudemment optimiste sur la possibilité de parvenir à des progrès significatifs d’ici un an“ ; il faudrait pour cela que le gouvernement supervise ce processus jusqu‘à terme, ajoute le représentant de l’Unicef pour le Liberia, Sheldon Yett.

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