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Le Sénégal et la Gambie négocient pour la réouverture des frontières bloquées par les transporteurs sénégalais

Gambie

La ministre gambienne des Affaires étrangères Neneh McDouall-Geye rencontrait dimanche son homologue sénégalais, Mankeur Ndiaye pour tenter de trouver une solution au blocus mis en place par les transporteurs sénégalais depuis la mi-février. Ces derniers tentent ainsi d’obtenir de meilleures conditions pour traverser la Gambie.

La rencontre de dimanche entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays n’aura finalement trouvé aucune solution directe à la crise qui sévit dans le pays depuis trois mois. Il aura tout de même été annoncé la construction, dans les prochains mois, d’un pont entre les deux pays par le chef de la diplomatie sénégalaise, Mankeur Ndiaye.

‘‘Le financement pour le pont existe déjà. C’est la Banque africaine de développement qui met 50 milliards de FCFA. Donc rien ne doit plus entraver le processus de construction de ce pont qui va être extrêmement important dans les relations entre la Gambie et le Sénégal”, a rassuré M. Ndiaye.

Malgré un revirement des autorités gambiennes revenues aux droits de douane initiaux, la frontière est toujours restée bloquée par les transporteurs qui ne décolèrent pas et exigent des conditions encore plus favorables pour lever le blocus mis en place.

Le différend

Cette crise est née, début février, de la multiplication par cent du droit d’entrée infligé par la Gambie aux camions qui traversent son territoire. Il est passé de 4.000 ou 6.000 francs CFA (environ 6 à 9 euros) à quelque 400.000 FCFA (près de 610 euros).

“Nous avons été les premiers à Karang à fermer la frontière avec la Gambie, le 15 février, après une hausse du prix de la traversée imposé par l‘État gambien à chaque camion”, proteste Pape Seydou Dianko, un responsable des transporteurs sénégalais et maire d’une commune proche de la Gambie.

Conséquences, les camions de marchandises s’alignent le long de la route dans la ville sénégalaise de Karang, frontalière de la Gambie, pays enclavé dans le Sénégal. Depuis trois mois, aucun véhicule ne passe ici sur décision de transporteurs sénégalais qui réclament de meilleures conditions pour traverser ce territoire.

“En Gambie, les gens sont fatigués par le blocus. Beaucoup de produits manquent dont le sel. Il faut vite régler cette situation”, déclare sous anonymat l’un des rares Gambiens ayant accepté de s’exprimer dans la localité de Keur Ayib.

“Mon camion, chargé de tissus, est depuis trois mois bloqué ici (à Keur Ali, village gambien voisin de Keur Ayib). Nous sommes fatigués par ce blocus”, déplore ainsi Modou Guèye, un chauffeur trentenaire.

Le blocus nuit aussi aux affaires de Mamadou Cellou Souaré, un cambiste informel quadragénaire et père de sept enfants. “Je reste une semaine sans voir un seul client”, affirme-t-il, tenant en main une liasse de billets, la monnaie gambienne servant aussi dans les échanges dans les zones frontalières au Sénégal.

La semaine dernière, des syndicats de transporteurs sénégalais ont fait savoir qu’ils ne lèveront pas ce blocus tant qu’ils n’obtiennent pas l’ouverture en permanence de la frontière, fermée chaque jour de 19h00 à 07h00, et des progrès significatifs dans le projet de construction d’un pont qui enjamberait le fleuve Gambie, le long duquel serpente le territoire éponyme. Ce pont éviterait aux Sénégalais un détour de plusieurs centaines de kilomètres pour rejoindre la Casamance.

La Gambie accuse le Sénégal

Le président de la Gambie a tenu des propos virulents à l’encontre du Sénégal qu’il accuse d‘être le seul responsable du blocus frontalier qui paralyse les deux pays depuis trois mois.

“Je n’ai pas l’intention de régler ce problème, puisque de notre côté, la frontière est ouverte. Ce sont eux qui ont fermé la frontière, et je ne négocierai pas avec ceux qui ferment la frontière”, a déclaré Yahya Jammeh dans une allocution télévisée samedi depuis Banjul, où il accueillait le président guinéen Alpha Condé, venu en médiateur à la veille de l’ouverture des négociations à Dakar.

Il menace en outre d’expulser les 950 000 ressortissants sénégalais de la Gambie, si le Sénégal ne trouvait pas une solution immédiate au problème actuel.

Selon la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui se pose en médiateur, ce blocus provoque des deux côtés de la frontière des pénuries de produits de première nécessité.

“Si le peuple sénégalais souffre de pénuries, il ne peuvent s’en prendre qu‘à leur gouvernement, pas à moi, puisque ce sont eux qui ont fermé la frontière. La vérité, c’est que les gens souffrent”, a poursuivi Yahya Jammeh, alors que des rapports indiquent également que la capitale gambienne est effectivement touchée par ce blocus.

Officiellement, l‘État sénégalais n’est pas auteur de ce blocus, mais, selon des observateurs, il a laissé faire ses transporteurs pour faire indirectement pression sur la Gambie avec laquelle ses relations sont toujours compliquées.

La Gambie a annoncé la levée de la mesure, mais les transporteurs sénégalais continuent le blocus en posant d’autres exigences. “C’est le sixième blocus depuis 2000.

La ministre gambienne des Affaires étrangères a déclaré à la presse qu’elle souhaitait trouver “une solution durable aux problèmes qui nous concernent”.

Son homologue sénégalais Mankeur Ndiaye a abondé en son sens, appelant à “construire des relations toujours plus solides et toujours plus stables”. Selon lui, “des échanges francs sur l’ensemble des questions posées” sont nécessaires, dont celle toujours repoussée de la construction du pont sur le fleuve Gambie.

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