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Grande-Bretagne : sommet de lutte contre la corruption à Londres, sur fond de dénonciation

Royaume-Uni

Londres, la capitale britannique, abrite un sommet de lutte contre la corruption qui s’est ouvert ce jeudi. Quarante pays sont représentés à ce sommet. Les contestataires et l’affaire dite des « Panama Papers » se sont invités dans les débats.

La Grande-Bretagne ambitionne de « traquer la corruption où qu’elle se trouve, poursuivre et sanctionner les personnes qui la commettent, la facilitent ou en sont complices ». Tels sont les buts visés par l’Angleterre à travers le sommet de lutte contre la corruption qui se tient actuellement à Londres. Sont conviés à ce rendez-vous, des personnalités comme Christine Lagarde, la DG du FMI (Fonds monétaire international), ou encore le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim. Ensemble, les pays présents à ce sommet, tenteront de trouver les voies et moyens d’en venir à bout de la corruption. Ou du moins, la relentir.

David Cameron, le Premier ministre anglais et hôte du sommet, n’a pas manqué de reconnaître dans un communiqué que « la bataille contre la corruption ne se gagnera pas du jour au lendemain. » Il a de même ajouté que cette bataille demandera du « courage et de la détermination ».

Le patron du 10 Downing Street (les bureaux du Premier ministre anglais à Londres) a pour objectif de conduire à la « toute première déclaration mondiale » contre la corruption qui « sape les efforts menés pour lutter contre la pauvreté, promouvoir la prospérité et combattre le terrorisme et l’extrémisme ». Le texte final adopté par les pays participants a été assoupli, selon le journal britannique The Times. Ce dernier affirme que le rejet de toute « impunité pour les (pays) corrompus » a été finalement abandonné par les participants.

L’inévitable scandale des « Panama Papers »

Cette grande rencontre mondiale contre la corruption débutée ce jeudi se tient sous la pression de protestations contre l‘évasion fiscale. Le célèbre Trafalgar Square de Londres a changé d’allure à l’occasion de ce sommet, transformé en paradis fiscal tropical ce jeudi. Plage, chaises longues, palmiers, pour évoquer le côté tropical des destinations fort prisées des adeptes de l‘évasion fiscale. Les initiateurs de cette manifestation ne sont autres que les organismes de bienfaisance Oxfam, Action Aid et Christian Aid. Ils dénoncent à leur manière l’existence même des paradis fiscaux.

En toile de fond, le récent scandale des « Panama Papers ». Ces ONG exigent que les débats au cours de ce sommet de Londres s’attaquent au sempiternel problème des paradis fiscaux, grands manèges de la corruption de haute voltige. Et bien entendu, qui dit paradis fiscaux dit évasion fiscale. Les manifestants veulent ainsi de l’action, plutôt que de simples discours de la part des dirigeants, pour lutter plus efficacement contre la corruption et son cortège de paradis fiscaux et autres sociétés off-shores.

Pour Oxfam, le scandale des « Panama Papers » est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et de ce fait, les leaders doivent plus que jamais agir contre les paradis fiscaux. Sally Copley (membre d’Oxfam), estime que les paradis fiscaux « ne jouent aucun rôle économique. Tout ce qu’ils font est de permettre à de grandes institutions et à des équipes de comptables fiscalistes et avocats, de prendre de l’ascendance sur les pays les plus pauvres, qui ne possèdent pas les ressources nécessaires pour lutter contre ça. »

Dans ce contexte et dans une lettre émise le 9 mai dernier, des économistes, au nombre de 300 et venant de 30 pays, ont lancé un message aux pays présents au sommet de Londres. Ils les invitent à tourner le dos aux paradis fiscaux. Tout comme Sally Copley d’Oxfam, ils prétendent également que les paradis fiscaux « privent les Etats de recettes fiscales et contraignent les pays pauvres à payer le prix fort ». Parmi ces économistes, le Français Thomas Piketty et l’Américano-Britannique Angus Deaton (prix Nobel d’Economie en 2015).

One, l’organisation internationale de campagne et de plaidoyer du chanteur du groupe irlandais U2, propose « d’agir pour lutter contre l’opacité financière ». L’organisation pense que les leaders « doivent s’engager collectivement à rendre publiques les informations sur les vrais bénéficiaires des sociétés et des trusts, ceux qui se cachent derrière ces entités pour frauder le fisc ou blanchir de l’argent ».

La Grande-Bretagne, mauvaise donneuse de leçons ?

Le Nigeria, sous l’impulsion de son actuel président Muhammadu Buhari, a pour intention de rendre publics les registres de ceux qui bénéficient des sociétés off-shores. « Cette mesure est déjà prévue par le Royaume-Uni, les Pays-Bas ou l’Australie, mais exclut les trusts. La France, elle, prévoit de mettre en place ces registres, mais de les rendre publiques uniquement pour les trusts », selon One.

Les territoires d’outre-mer britanniques sont eux-aussi pointés du doigt. Le cabinet panaméen Mossack Fonseca, mis en cause dans le scandale Petrobras ainsi que dans l’affaire des « Panama Papers » pour son rôle joué dans le blanchiment d’argent et la fraude fiscale à l‘échelle internationale, représente 21.000 entreprises. Plus de la moitié de ces entreprises est implantée dans les îles Vierges britanniques. Et selon l’ONG Tax Justice Network, 7 des 14 territoires britanniques sont des paradis fiscaux.

Transparency International laisse entendre que le marché de l’immobilier londonien est devenu un creuset du blanchiment d’argent. D’après certains observateurs, David Cameron profitera du sommet anti-corruption pour annoncer des mesures visant à combattre l’opacité de la gestion de l’immobilier londonien.

Pour rappel, le Premier ministre britannique a lui-même été cité dans le scandale des « Panama Papers » et a rejetté en bloc les accusations faites contre lui, avant de les reconnaître partiellement.

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