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Dans l'univers des jeunes de la rue d'Eldoret, au Kenya

Kenya

Les enfants et jeunes de la rue, on en retrouve dans plusieurs grandes villes du continent africain. De nombreuses raisons sont à la base de ce phénomène social, mais la misère et les disfonctionnements familiaux en sont les principales causes. Comment devient-on enfant de la rue ? Notre correspondant au Kenya, Gabriel Kudaka, nous apporte ici des éléments de réponse. Il s’est rendu dans l’un des repaires des jeunes gens touchés par ce fléau, dans la ville d’Eldoret, au Kenya.

Chaque année, des centaines de jeunes finissent dans les rues, en raison des difficiles conditions de la vie en famille. Beaucoup d’entre eux espèrent généralement un sursis, à chaque fois qu’ils rejoignent les rues. Mais un certain rite s’impose, avant de devenir membre des groupes de la rue, notamment en ce qui concerne les filles.

Une cérémonie initiatique basée sur le contact charnel

Grâce à un rendez-vous obtenu avec l’un des chefs de groupes, notre correspondant a réussi à rencontrer des jeunes de la rue, dansant sur un air de musique émise par un téléphone portable. Quelques minutes plus tard, c’est une scène plutôt inhabituelle qui se joue : un jeune homme, de la rue comme les autres, applique un mélange de pétrole et de poudre de charbon sur le corps d’une jeune fille. Un genre de rituel initiatique qu’explique John Wafula, le chef de la bande qui applique le mélange.

Quand un nouveau membre, en particulier une jeune fille se joint à notre groupe, elle doit remplir certaines conditions avant d‘être acceptée et reconnue. Cela implique l’application d’un mélange de charbon et de pétrole sur son corps, comme une marque d’identité. Et l’homme qui fait cela devient automatiquement son partenaire sexuel (…) Cette fille m’appartient maintenant depuis que je suis le seul responsable de son initiation. Aucun autre homme ne peut la réclamer.

Maintenant qu’il a fait cela pour moi, il est officiellement mon homme. Nous allons nous soutenir mutuellement dans toutes les circonstances, soutient la jeune initée.

Avoir des relations sexuelles avec celui qui applique la mixture est un élément clé du processus d’initiation. En cas de refus de la jeune initiée, un sort plutôt morbide l’attend : « si vous ne coopérez pas, vous êtes violée par ces hommes que vous voyez ici » , dit John Wafula, en montrant des jeunes gens arrêtés autour.

La propagation du Sida, un risque négligé

Lorsque Gabriel (notre correspondant) demande aux filles ce qu’elles pensent des risques qu’elles encourent, tel que le VIH, voici leur réponse : « contracter le VIH est comme un accident. Nous ne craignons rien. »

Pour ces jeunes gens, leur pratique a contribué à lutter contre la propagation du VIH parmi les enfants de la rue. Mais le docteur Judy Wachira de l’ Université Moi a une opinion toute différente. Il pense au contraire que leurs pratiques contribuent grandement à la propagation du Sida. « Ceci est la principale cause de la propagation du VIH parmi les enfants de la rue » , soutient le docteur.

Malgré tout, pour les jeunes filles qui ont subi ce processus, il n’y a rien d’extraordinaire à ce sujet. Juste une petite cérémonie d’initiation, pour entrer dans la grande famille des jeunes de la rue et se sentir protégée, entourée et considérée.

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