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Cameroun : du charbon écologique pour lutter contre les coupes de mangroves

Cameroun : du charbon écologique pour lutter contre les coupes de mangroves

Cameroun

Face à la dégradation de la mangrove à Douala, au Cameroun, des jeunes étudiants camerounais se sont lancés dans la production du charbon à partir des ordures ménagères. Ceci, afin de limiter les coupes de la mangrove par les populations qui l’utilisent pour du bois de chauffage.

Ils sont quatre, des jeunes étudiants de l’Université de Douala. Une fois par semaine, ils sillonnent les marchés et les rues de Douala pour ramasser des ordures ménagères. Ils ont créé en 2014, une petite entreprise Kemit Ecology, avec un seul objectif, lutter contre la déforestation et la pollution de l’environnement.

Muller Tenkeu Nandou, promoteur du projet Kemit Ecology :

L’idée du charbon écologique nous est venue parce qu’on s’est rendu compte que les populations de la mangrove où nous sommes installés coupaient le bois de mangrove pour fumer du poisson et d’autres en coupaient pour le transformer en charbon. Et on s’est dit, mais si on peut également transformer en charbon à partir des ordures, pourquoi ne pas leur apporter ce charbon qui est en plus 100 % environnemental parce que cela ne pollue pas. Alors, on arriverait à résoudre le problème de dégradation de la mangrove.

Ici, au marché central de Douala, les commerçants ont abandonné des feuilles de maïs, des déchets végétaux. Une véritable mine d’or pour ces jeunes qui vont en faire une nouvelle source d’énergie.

L’ensemble, ce sont les déchets organiques biodégradables. Dedans nous avons des peaux de plantain, des peaux de banane, on a les feuilles de maïs, les rebus de cannes à sucre, les déchets de palmiers à huile, de rotin ainsi que des rebus agricoles quels qu’ils soient, à condition qu’ils soient biodégradables et organiques, ajoute Muller Tenkeu Nandou.

La protection de l’environnement en ligne de mire

C’est au quartier News Priso que Kemit Ecology a créé sa petite unité de production. Les ordures sont étalées et séchées au soleil. Les plus dures sont découpées avant d’être placées dans un séchoir.

Eric Martial Ndzodo est l’un des membres de Kemit Ecology :

On découpe pour que le séchage soit facile parce que les cannes ont une grande quantité d’eau. Donc, il faut les découper en petit morceau qui peuvent sécher facilement et nous permettre de carboniser après.

Une fois les déchets végétaux séchés, ils sont réduits en cendres dans un four de carbonisation. La poudre noire qui en ressort est conditionnée dans un compacteur. Après une dizaine de minutes, apparaissent des briques homogènes, du charbon écologique.

Nous les séchons à travers notre séchoir. Du séchoir, nous passons à la carbonisation encore dite la pyrolyse. A l’aide de notre machine, nous obtenons nos briquettes que voici. Le charbon écologique, se réjouit Raoul Eboule, un autre membre du projet Kemit Ecology.

Kemit Ecology espère qu’avec la production du charbon écologique, la forêt de mangroves, notamment celle qui protège les berges du fleuve Wouri à Douala sera épargnée des coupes sauvages des populations qui s’en servent pour du bois de chauffage.

Muller Tenkeu Nandou, promoteur du projet Kemit Ecology :

Notre charbon présente plusieurs avantages notamment sur l’environnement. Le premier avantage c’est qu’il évite la déforestation et la dégradation des forêts pour la production du charbon de bois et le deuxième avantage est qu’il permet de lutter efficacement contre les effets néfastes du changement climatique en ce que, en préservant les forêts, alors on continue à avoir des puits de carbone et vous savez que le bassin du Congo est le deuxième puits de carbone dans le monde entier après l’Amazonie.

Du satisfecit des consommateurs

Cette activité n’est pas encore rentable. Un kilogramme de charbon écologique se vend à 500 FCFA . La production se situe en moyenne à 5 tonnes par mois. Et ces jeunes espèrent mobiliser des financements qui leur permettront d’acquérir des équipements nécessaires à une grande production. Si la vulgarisation de ce charbon écologique traine encore, certaines ménagères l’ont déjà adoptée pour faire la cuisine. Mme Kamwa Berline, une ménagère rencontrée par le correspondant d’Africanews :

C’est un charbon qui cuit bien le repas, qui ne noircit pas la marmite, qui ne dégage pas des odeurs toxiques par rapport au charbon de bois.

Depuis qu’on m’a montré ce charbon, j’utilise cela, il n’a pas d’effet, cela sent bien, cela ne fume pas, tu peux braiser le poisson, tu peux tout faire avec et cela ne diminue pas vite cela n’a pas d’odeur, c’est un bon charbon. C’est très économique. Quand je prends 1 kilogramme, je peux faire deux marmites, une marmite de nourriture et sauce, demi-kilogramme, je peux faire aussi une marmite de nourriture et chauffer aussi la sauce, c’est très économique, confie une autre ménagère, Mme Donfack Solange.

Ces jeunes sont des pionniers dans le domaine au Cameroun. Ils croient dur comme fer que la production en grande quantité de ce charbon écologique permettra à long terme, non seulement de réaliser des bénéfices, mais également de protéger les forêts camerounaises.

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