Afrique du Sud
En Octobre 1996, l’Afrique du Sud, qui vient tout juste de sortir de l’apartheid, avait mis en place une structure inédite : une Commission vérité et réconciliation. Sa mission ? Panser les plaies de la ségrégation raciale afin de favoriser l‘émergence d’une nouvelle Nation.
Des auteurs de crimes politiques devaient passer aux aveux et bénéficier d’une amnistie en contre-partie. Ce fut le cas pour près d’un millier d’entre eux. Vingt ans après, des Sud-africains ont un goût d’inachevé. Des poursuites exigées par la Commission concernant environ 300 affaires se font toujours attendre. Une déception pour d’anciens membres de cette Commission.
‘‘Comment est-ce que le parti qui a mis en place cette Commission, cette Commission célébrée dans le monde entier comme un exemple de boussole morale, comment ce parti peut-il ne pas respecter les lois qu’il a lui-même fait voter ?”, se demande Yasmin Sooka, ancien membre de la Commission vérité et réconciliation.
Les familles des victimes, de leur côté, ne demandent qu’une chose : que justice leur soit rendue. La mère de Nokuthula Simelane, militante anti-apartheid disparue en 1983, ne sait toujours pas où est le corps de sa fille. “On a été trahi par le gouvernement”, affirme Thembi Nkadimeng, la sœur de Nokuthula Simelane.
La sœur de Neil Aggett, torturé en 1982 par la police à Johannesburg, attend toujours que le bourreau présumé de son frère soit jugé. Des défenseurs des victimes de l’apartheid pensent que des membres de l’ANC, au pouvoir depuis 22 ans, ont peut-être quelque chose à cacher.
“Pendant la lutte, il n’y avait pas beaucoup d’anges dans les rangs des combattants. Donc, des personnes engagées dans la lutte armée pour l’ANC pourraient aussi faire face à des conséquences judiciaires aujourd’hui… Car des crimes ont été commis des deux côtés.”, déclare Howard Varney, avocat de la famille Simelane.
L’initiateur et président de la Commission vérité et réconciliation de 1996 à 1998, l’ancien archevêque Desmond Tutu, faisant le bilan de cette initiative, parle d’une ‘‘Mission inachevée’‘.
Mais les lignes semblent bouger. Et pour cause : quatre anciens policiers ont été inculpés cette année. Leur procès débutera le 25 juillet prochain. Un espoir pour de nombreuses familles, dont celle de Neil Aggett, syndicaliste blanc mort après plus de 60 heures de torture.
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