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Nigeria : le lycée de Chibok, aujourd'hui en ruines

Nigeria : le lycée de Chibok, aujourd'hui en ruines

Nigéria

Des ruines et de la désolation. C’est tout ce qui reste du lycée de Chibok après le passage de Boko Haram, il y a deux ans. Peu avant les élections l’année dernière, l’ancien président Goodluck Jonathan avait promis la reconstruction du bâtiment. Mais à part quelques piles de parpaing, aucun signe de chantier. Les habitants sont en colère et réclament la reconstruction de l‘établissement.

Même le mot “filles”, sur le panneau à l’extérieur de l‘établissement, a disparu. Comme 219 des lycéennes dont on est toujours sans nouvelles. Seuls les murs défraîchis du bâtiment principal du lycée tiennent encore debout, surmontés d’une structure métallique rouillée dont le toit n’est plus. Au sol, les mauvaises herbes poussent à travers les fissures

Après l’enlèvement en 2014 de 276 lycéennes en pleine nuit à Chibok dans l‘État de Borno au nord-est du Nigeria, plus personne n’a voulu y envoyer sa fille pour étudier. Le fait que 57 d’entre elles ont pu s‘échapper n’a pas fait retomber la crainte des parents dont la majorité réclament la libération des 219 autres dont ils sont toujours sans nouvelles.

Au-delà d’un espoir que plusieurs d’entre eux ont perdu, est née une revendication : celle-là de voir le lycée en ruines reconstruit, faute de construction d’un nouvel établissement public par le gouvernement. L’indignation est à son comble, tant chez les parents que dans le staff enseignant : des centaines d’enfants ne sont pas scolarisés depuis les événements d’avril 2014. Yakubu Nkeki est enseignant du primaire : “Boko Haram a gagné, eux qui disent qu’ils ne veulent pas d‘éducation à l’occidentale !”

Une inquiétude selon lui justifiée du fait que des écoles ont déjà rouvert dans les localités voisines touchées par l’incursion des islamistes. La contre-offensive de l’armée nigériane a permis d’affaiblir les insurgés dans la région. Et des miliciens engagés dans la lutte contre Boko-Haram patrouillent dans la petite ville.

Les promesses électorales

L’administration de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan avait promis la reconstruction du lycée de Chibok, à quelques jours de la présidentielle. Mais à part quelques piles de parpaing en béton, il n’y a aucun signe de chantier.

“Si le gouvernement veut faire quelque chose, qu’ils appellent une entreprise de construction (…), qu’on envoie quelqu’un sur le terrain. On a atteint le niveau zéro de l‘éducation ici à Chibok. C’est la seule école (publique) que nous ayons à Chibok et elle est détruite. Il faut simplement que nos enfants, notre population puissent continuer leurs études. Mais depuis deux ans, il n’y a ni école ni enseignement à Chibok!”, s’est indigné Ayuba Alamson Chibok, l’oncle d’une des otages. Reste donc l’espoir de voir le gouvernement actuel reconstruire totalement le lycée.

Deux ans après…il reste de l’espoir

Le 14 avril sera le second anniversaire de la ‘‘disparition des filles de Chibok’‘. Les parents ont choisi de se réunir une nouvelle fois au sein de l‘école pour prier pour un retour des filles. Environ 18 d’entre eux seront absents : tués par la maladie ou par l’insurrection de la secte islamiste. Plusieurs autres ont développé des troubles physiques et psychologiques… Hypertension et ulcère sont devenus monnaie courante dans cette ville, a expliqué Yakubu Nkeki, qui fait partie d’un groupe de soutien aux familles.

“C’est difficile pour nous, il n’y a pas d’eau, pas d‘électricité, pas de routes, et au niveau sécurité, on n’en fait pas assez à Chibok. À l’occasion de ce second anniversaire, nous prions pour que les gens pensent à Chibok parce que (…) rien ne va en s’arrangeant.’‘ se plaint Bulama Dawa.

La contre-offensive lancée par l’armée nigériane, qui a permis d’affaiblir les insurgés islamistes, a donné espoir aux parents, qui espèrent voir revenir un jour, leur enfant.

“Quand je verrai ma fille revenir, je vais ressentir une immense joie dans mon cœur… Je ne penserai plus à toutes mes petites douleurs et à ces choses-là, je serai vraiment heureux”, a déclaré le père d’une des filles enlevées.

Une attente de plus en plus longue pour beaucoup d’autres parents qui vivent dans la crainte éternelle de nouvelles attaques de Boko Haram, qui multiplie ses frappes ; la dernière remonte à janvier dernier, toujours à Chibok, quand trois kamikazes ont tué 13 personnes à l’entrée d’une mosquée.

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