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Le riz, ce casse-tête égyptien

Le riz, ce casse-tête égyptien

Egypte

L’approvisionnement en riz devient de plus en plus problématique pour les classes moyennes égyptiennes qui font face à une flambée inquiétante des prix de cette denrée, principal aliment de base du pays.

Il est de plus en plus compliqué pour la classe moyenne égyptienne de se procurer du riz sur le marché. Une situation qui inquiète, alors que cette céréale reste l’aliment qu’on retrouve dans la plupart des menus proposés en Egypte. La raison de cette inquiétude ? La flambée d’environ 50 %, ces derniers mois, des prix du riz que le gouvernement subventionne. Un problème consécutif à la décision des commerçants de retenir les fournitures dans l’attente d’une éventuelle hausse des prix. Cela, après l‘échec du gouvernement à reconstituer ses stocks.

Cet échec laisse ainsi les classes les plus défavorisées à la merci des commerçants qui refusent de vendre avec la hausse des prix quasi-quotidienne, selon Mostafa el-Naggari, directeur du comité rizicole du Conseil d’exportation agricole de l’Egypte. « Ils ont permis l’exportation d’un million de tonnes, alors que le conseil a déclaré qu’il y avait un excédent d’un million de tonnes et que 50 % de ce surplus pouvaient être exportés et les 50 % restants stockés pour l’année suivante. Cela a toujours été la politique. Ils disposent d’un crédit pour commencer la saison suivante », a-t-il déclaré à Reuters. « Au lieu d’acheter auprès des agriculteurs à un rythme satisfaisant et de le vendre au consommateur à un prix raisonnable, les commerçants achètent le riz aux agriculteurs à un bas prix et le gouvernement le revend aux consommateurs à un prix plus élevé, pour faire du profit », a regretté Naggari.

Pourtant, l’excédent global rizicole a incité le gouvernement à autoriser la reprise des exportations. Mais les opérateurs profitent aujourd’hui de l’incapacité de l‘État à accumuler ses propres stocks pour retenir des fournitures dans l’attente de la hausse des prix, tout en décourageant les exportations. « Maintenant, les commerçants voient que le gouvernement accepte d’acheter leurs produits. Par conséquent, la majorité commence à acheter et à stocker. En plus de l’orge, les gens ont commencé à acheter des produits et les stockent sous forme de riz blanc, prêt et disponible. S’ils prévoient d’exporter, ils exportent, et s’ils ne veulent pas faire autre chose avec, les produits sont bons et prêts », explique Adham El Welely, directeur général d’Unicom pour l’investissement et le développement, un fournisseur rizicole.

Face à cette situation de plus en plus inquiétante, le gouvernement tente de riposter en infligeant des sanctions aux fournisseurs sans autorisation. Une démarche que ces derniers déplorent. « Les enquêteurs sont censés poursuivre les commerçants, au lieu de cela, ils en sont après les usines qui ne sont pas sous la tutelle de leur ministère, mais du ministère du Commerce et de l’Industrie. Nous avons une licence permanente, nous avons les permis qu’il faut, nous sommes enregistrés auprès de l’autorité compétente. Mais il est plus facile pour eux d’attaquer les moulins », peste Omar al-Saeed, propriétaire d’un moulin à riz, qui a également reçu la visite des fonctionnaires de l‘État.

La peur d’une nouvelle crise

Les pénuries croissantes et la hausse des prix inquiètent les populations autant qu’elles constituent un risque politique immense pour le président Abdel Fattah al-Sissi. Cette situation risque en effet de provoquer des tensions sociales dans le pays, où des dizaines de millions de pauvres comptent sur les subventions de l‘État pour s’approvisionner en riz. Elle est d’autant plus troublante que l‘Égypte porte encore les stigmates des récentes crises qui avaient contribué à l‘éviction de deux présidents au cours des cinq dernières années. Des crises provoquées par un mécontentement économique de la population, qui n’a pas hésité à investir la rue pour manifester sa colère.

Un sentiment qui semble peu à peu gagner les Égyptiens qui commencent à durement ressentir l’augmentation des prix de leur aliment de base. « Ils ont augmenté le prix du riz, et ce n’est même pas le riz que les gens veulent. La moitié du sac contient du riz cassé et coûte maintenant cinq livres. Le bon riz coûte quant à lui 6.5 à 7 livres. J’aimerais dire au Premier ministre, que le ministre qui échoue dans sa fonction devrait être remplacé », gronde Zakaria Awad, un fonctionnaire à la retraite.

Certains, comme Naggari, accusent le ministre de tutelle, Khaled Hanafi, d’avoir refusé d’acheter des réserves alors que les gouvernements précédents avaient stocké entre 200.000 à 500.000 tonnes de riz. Selon l’opposition, Hanafi aurait ignoré les conseils de stocker le riz, affirmant qu’il y en avait en quantité abondante et qu’il pouvait en acheter en cas de besoin. Des accusations sur lesquelles Hanafi et les ministères de tutelle n’ont pas accepté de se prononcer.

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