Afrique du Sud : la prochaine sortie de prison du tueur de Chris Hani fâche

Janusz Walus, l’assassin du leader anti-apartheid Chris Hani, sortira de prison d’ici peu après y avoir passé 23 ans. Mais cette future libération soulève de vives colères.

La Cour constitutionnelle de Pretoria a reçu la visite de centaines de personnes très remontées, à l’annonce (la semaine dernière) de la sortie prochaine de Janusz Walus. Ce dernier sera libéré « sur parole ». Ce qui équivaut à une liberté conditionnelle. Les manifestants étaient pour la plupart d’entre eux des membres de l’ANC (parti au pouvoir) et du SACP (le Parti communiste sud-africain). Pour l’ANC, cette décision est « une farce de justice et une tragédie pour la famille Hani. »

Limpho Hani, la veuve de Chris Hani, faisait partie des contestataires lors de cette marche. Elle a martelé que le juge qui a signé l’ordre de sortie de Janusz Walus est raciste : « C‘était tout à fait intéressant pour un juge blanc dans ce pays de me dire que je devrais oublier et avancer, c’est pourquoi je l’ai appelé raciste. Je prends le meurtre froid de mon mari comme un holocauste. Donc il n’a aucun droit. », a fustigé la veuve du leader assassiné.

Fikile Mbalula, le ministre sud-africain des Sports, qui lui aussi était de la marche, a exprimé son « dégoût » quant à la sortie à venir de Walus.

Janusz Walus, immigrant polonais arrivé en Afrique du Sud en 1981, était membre de la ligne radicale de l’extrême-droite du régime ségrégationniste d’apartheid. Selon son avocat, cet homme de 63 ans a désormais la nationalité sud-africaine et éprouve des remords quant au crime qu’il a commis.

Le 10 avril 1993, Walus assassina par balle Chris Hani, à l‘époque secrétaire général du SACP et l’un des hauts dirigeants de la branche armée de l’ANC. Le meurtre eut lieu dans le garage même du leader anti-apartheid, dans sa maison située dans la banlieue de Johannesburg.

L’arme qui a servi à abattre Chris Hani a été fournie à Janusz Walus par un certain Clive Derby-Lewis, député du Parti conservateur à l‘époque des faits. Ce dernier, considéré comme étant le commanditaire de ce meurtre a été jugé, incarcéré, puis remis en liberté pour raison médicale. Agé de 79 ans, il est atteint d’un cancer des poumons. Ses nombreuses requêtes aux fins d‘être libéré ont finalement abouti en 2015, année de sa sortie de prison.

Quant à Janusz Walus, dont la libération a toujours été contestée par la famille Hani, il sera libre de tout mouvement dans deux semaines.