Erythrée
Asmara bénéficie de l’une des plus belles collections architecturales au monde. Un site que les autorités veulent classer au rang du patrimoine mondial de l’Unesco. Son histoire architecturale remonte aux dernières années de la domination coloniale italienne.
La capitale de l‘Érythrée possède l’une des plus belles collections architecturales du 20e siècle. La Cathédrale catholique Saint-Joseph d’Asmara ; un sanctuaire de tradition orientale dont la construction (interprétation libre de la tour du palais de Westminster de Londres) peut être vue à des kilomètres, date de 1916 alors que le pays est sous domination italienne. Six ans ont été nécessaires pour achever ses travaux en 1922.
Plusieurs avenues aussi belles, les unes que les autres sont rehaussées par l’art déco cinéma Impéro et cinéma Roma, comme c’est le cas de la salle Excelsior dont la façade a été décorée avec du marbre.
Ce ne sont là que quelques-uns des batiments qui font d’Asmara l’un des centres les plus fascinants au monde en matière d’architecture. Ce ‘‘musée’‘ grandeur nature a poussé les autorités à vouloir l’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco.
Kebreab Tsembla est un architecte impliqué dans le projet ‘‘patrimoine d’Asmara’‘, un groupe d’architectes qui a étudié et dressé un inventaire allant jusqu‘à 4.300 bâtiments historiques de la ville.
“Elle a été construite par les mêmes architectes et ingénieurs qui ont construit la ville. Cela fait qu’Asmara soit tout à fait unique dans sa planification et son échelle humaine. (…). Les zones ouvertes, les rues, tout se passe en harmonie, pas seulement à cause des bâtiments” explique-t-il.
Autre bijou de l’architecture moderniste de la capitale, une station-service futuriste, imaginée sur le modèle d’un avion prenant son envol, ou un bowling art déco, paré d’une mosaïque de vitraux rectangulaires. Si nombre de ces bâtiments ont été épargnés par les 30 ans de guerre d’indépendance contre l’Ethiopie voisine (1961-1991), leur sauvegarde, aujourd’hui, est menacée. Et avec elle l’héritage culturel du pays.
La plupart des bâtiments de la capitale de l’ancienne colonie italienne ont été construits entre 1936 et 1941 : le dictateur fasciste italien Benito Mussolini cherchait alors à étendre son influence en Afrique.
Selon un recensement de 1939, plus de la moitié de ses 98.000 habitants étaient italiens. Des architectes italiens y avaient même été emmenés et encouragés des innovations architecturales qui, en Europe, dérangeaient encore. Asmara y avait gagné une réputation de “terrain d’expérimentation”.
Aujourd’hui, les Érythréens sont fiers de ces bâtiments coloniaux uniques – même si nombre d’entre eux ont été construits par le travail forcé de leurs compatriotes.
La petite Rome
Il y a plusieurs années, Asmara était connue sous le nom de ‘‘Piccola Roma’‘ ou la ‘‘petite Rome’‘, à cause de ses richesses qui aujourd’hui, attirent et fascinent. Un charme qui aujourd’hui encore, opère de la magie.
Le développement assez lent de la ville a permis de préserver ses bâtiments : la plupart d’entre eux sont restés en l‘état depuis le début de la guerre d’indépendance érythréenne en 1961 contre l’Ethiopie, à laquelle l’Erythrée avait été rattachée en 1952.
Des constructions différentes de celles des autres pays de l’Afrique que les autorités ont soigneusement conservées et qui aujourd’hui, attire des touristes.
“Un autre aspect positif d’Asmara, c’est le tourisme. Il y a des sites à visiter dans nos belles villes. Et je pense que cela va créer des emplois et favoriser la création des entreprises avec des avantages économiques pour l’UNESCO. Nous pouvons également bénéficier de l’assistance technique de l’UNESCO en particulier dans la conservation de ce riche patrimoine », a déclaré Medhanie Teklemariam, coordonnateur du projet ‘‘patrimoine d’Asmara’‘.
Patrimoine mondial de l’Unesco
Les chercheurs pensent qu’inscrire Asmara au patrimoine mondial de l’Unesco pourrait être bénéfique pour la ville qui bénéficiera d’une meilleure coopération avec l’extérieur, et surtout, d’une protection mondiale. L’héritage se verra ainsi protéger au fil des ans.
Il manque cependant des fonds nécessaires aux rénovations (énorme défi), tout comme l’expertise technique locale. L’Erythrée reste l’un des pays les plus pauvres du monde, isolé et fermé, ultra-réticent à toute aide extérieure.
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