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Burundi : faire du journalisme sur les réseaux sociaux pour dénoncer les abus

Burundi : faire du journalisme sur les réseaux sociaux pour dénoncer les abus

Burundi

Cela fait dix mois que certaines radios privées de la capitale du Burundi ont été incendiées par un commando, au lendemain du putsch manqué du 13 mai 2015.

Si pour certains le gouvernement a pu freiner les journalistes activistes, il n’en demeure pas moins que ces derniers ont trouvé une manière plus rapide et moins contraignante pour dénoncer les abus à Bujumbura.

REVUE DE PRESSE – “Photoshop et faux documents : guerre de com’ sur les réseaux sociaux au #Burundihttps://t.co/zntoDgrfnk #BurundiCrisis

— SOS Médias Burundi (@SOSMediasBDI) 25 février 2016

Un groupe de journalistes appelé “SOS Medias Burundi” est à la base de cette idée originale. W.K , journaliste activiste fait désormais son métier sur les réseaux sociaux, Facebook, Twitter et WhatsApp : « Je télécharge les photos des abus sur Facebook, je fais des interviews avec certaines victimes des tortures de la police ». Il affirme faire cela pour la bonne cause, car il ne perçoit aucune rémunération.

Cette méthode permet surtout aux familles d’avoir des informations sur le sort de leurs membres. Il prend aussi bien soin de ‘‘tagger’‘ les chefs d’Etats de l’Afrique de l’est, des responsables de l’Onu, et le tour est joué. ‘‘L’information se retrouve aussi vite chez le gouvernement’‘, soutient-il.

URGENT – Une explosion dans le quartier de #Jabe (centre de #Bujumbura) suivie de tirs #Burundi #BurundiCrisis

— SOS Médias Burundi (@SOSMediasBDI) 25 février 2016

Après le coup-d‘état manqué contre Pierre Nkurunziza, le pouvoir avait durci le ton, et les violations de droits de l’homme se sont multipliées. Mais l’activité de W.K, comme lui-même la décrit est à double sens : d’abord, elle permet de faire la lumière sur, ne serait-ce qu’une partie infime des atrocités que les populations subissent, mais ensuite, les familles peuvent s’enquérir des nouvelles de leurs proches arrêtés ou encore déténus par la ‘‘monstrueuse police’‘ burundaise.

Intérrogé à propos des radios parties en fumée, W.K , avec un regard fixe et une voix posée affirme avoir ‘‘pensé que c‘était la fin du journalisme au Burundi’‘. Lui et ses collègues étaient découragés, indique-t-il. Subitement, il lève le torse pour dire : « nous nous sommes dit qu’il fallait combattre l’intox sur les réseaux sociaux et les canaux étatiques de l’information ».

Pour échapper à toute repression, W.K et ses collègues tiennent leur réunion éditoriale sur WhatsApp. Ils prennent toutes les mesures possibles pour distiller des informations authentifiées selon eux, car dans ce genre de situation, ‘‘une information peut détruire une vie’‘, lance t-il.

#BurundiCrisis Lettre ouverte de l'Ambassade des #USA au Burundi à https://t.co/5eVbIBOozb site pro-pnkurunziza pic.twitter.com/1ouybXCCRj

— TEDDY MAZINA (TEDDYMAZINA) 25 février 2016

Aujourd’hui, la majeure partie de la population de Bujumbura a accès aux smartphones. Une facilité pour recevoir les infos en temps réel de W.K et son équipe.

Pour fuir les représailles de la police plus de 100 journalistes burundais sont passés de l’autre côté de la frontière, dans les pays voisins. Pour W.K , cela n’est pas une bonne ‘‘option’‘, car le Burundi est en train d‘être détruit par ses propres enfants. Il affirme avoir tant reçu de son pays, qu’il ne peut pas le laisser s’autodétruire. “Je continuerai à y travailler en tant que journaliste jusqu’au jour où ça sera plus possible”, conlut-il.

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