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Crise économique au Nigeria : Buhari critiqué pour son immobilisme

Crise économique au Nigeria : Buhari critiqué pour son immobilisme

Nigéria

Le président Muhammadu Buhari, dont le pays peine à se doter d’un budget pour 2016, est accusé de lenteur dans la résolution des difficultés auxquelles sont confrontés les Nigérians.

Face à la crise économique et monétaire qui frappe le Nigeria du fait de la chute des cours du pétrole, le président Muhammadu Buhari est de nouveau critiqué pour son immobilisme.

Dans ce contexte morose, les Nigérians se souviennent encore que l’actuel chef d’Etat a mis presque six mois à nommer un gouvernement, après son élection l’an dernier à la tête de la première puissance économique africaine, au point qu’ils l’avaient affublé du surnom “Baba Go slow”( en français, “le vieux qui prend son temps”).

Grosso modo, les frustrations des Nigérians sont concentrées sur deux points.

Tout d’abord, le budget. Annoncé en décembre par Buhari et évalué à 27 milliards d’euros, un record, il devait servir à investir dans de coûteuses infrastructures pour stimuler les investissements et la croissance du pays. Mais de grossières erreurs ont été décelées dans le projet budgétaire, retardant son adoption par le Parlement.

Selon Oluseun Onigbinde, co-fondateur de BudgIT, une organisation nigériane qui œuvre pour plus de transparence dans l’action publique “les mêmes dépenses de véhicules, ordinateurs et meubles apparaissent à 24 reprises, pour un montant total de 46,5 milliards de nairas. Une porte ouverte à la corruption”, dénonce-t-il.

“Les Nigérians traversent une période de crise, avec le prix du pétrole qui a plongé en-dessous de 30 dollars, donc le budget devrait être plus en phase avec l’humeur du moment”, poursuit cet expert de la société civile.

Le Nigeria en pleine crise monétaire avec la chute des cours du pétrole
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— Agence France-Presse (afpfr) 29 Janvier 2016

C’est dans ce climat de cacophonie que Buhari a limogé cette semaine le directeur général chargé du budget et a nommé à sa place un banquier, Tijjani Abdullahi. Ce dernier devrait procéder à la révision du projet de budget avant qu’il puisse à nouveau être validé par le président et voté par le Parlement. Un processus qui pourrait prendre plusieurs mois.

Le deuxième point de mécontentent est celui lié à la crise monétaire. Le Nigeria, dont une grande partie des réserves en devises provenaient du pétrole, voit le naira fondre sur le marché noir. Vendredi dernier, il s’est échangé à plus de 360 pour un dollar contre 250 il y a quelques semaines. Et l’impact semble immédiat sur les prix des denrées alimentaires.

“Le panier de la ménagère” touché

Dans les rues de Lagos, la capitale économique, par exemple, des témoins affirment qu’une assiette de riz, qui coûtait 200 nairas en décembre, en coûte maintenant 350. Le sac de 50 kg de riz est passé de 9.000 nairas à 13.000, et le sac de haricots de 12 à 15.000 nairas. Par ailleurs, le taux d’inflation annuel est passé à 9,6 % en janvier, au-dessus de l’objectif de la Banque centrale.

Face à cette situation, et contrairement aux recommandations du FMI de dévaluer le naira, le gouvernement nigérian a opté pour le maintien du même taux officiel (entre 197 et 199 nairas pour un dollar), l’interdiction de l’importation de certains produits et la protection des réserves en devises restantes. À travers ces mesures, Buhari dit vouloir protéger les plus pauvres qui risquent d‘être fortement affectés par la hausse des prix, dans un pays où la plupart des produits de base sont importés.

We are determined to bring about tangible changes in the lives of our people. Merry Christmas to all Nigerians. pic.twitter.com/WbmIc2T3t1

— President Buhari (@NGRPresident) 24 Décembre 2015

“Le gouvernement doit réaliser qu’il ne peut pas continuer à protéger le naira, parce qu’il n’a pas les réserves pour le faire. Et au final, le naira finira par trouver sa juste valeur, qu’on dévalue ou pas”, s’indigne Pat Utomi, professeur d‘économie politique à la Lagos Business School.

Pour rappel, les cours mondiaux du pétrole ont chuté de 70 % depuis 2014, privant le pays, premier producteur de brut du continent, de sa principale source de revenus et affectant son économie.

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