Ouganda : des méthodes de stockage des récoltes plus efficaces pour les paysans

Les petits producteurs arrivent désormais à mettre le produit de leurs champs à l’abri des intempéries du fait d’une formation reçue du Programme alimentaire mondial.

Merab Nabirye produit des haricots et des arachides dans son exploitation familiale. Pour s’assurer que ses produits sont bien secs et qu’ils peuvent être stockés sans faire les frais de la moisissure, elle répète inlassablement le même scénario. Elle commence par mettre les grains de maïs sur une grande bâche pour les sécher. Ensuite, elle teste la quantité d’humidité dans le grain. La méthode est simple : une bouteille en verre est remplie de grains de maïs auxquels on ajoute deux cuillères à thé de sel. Le mélange est vigoureusement agité pendant une minute et laissé sous le soleil. Au bout d’un quart d’heure, il faudrait qu’il n’y ait pas de grumeaux humides de sel sur la paroi du verre. Si c’est le cas, eh bien, c’est que les grains ne sont pas encore suffisamment secs.

La démarche peut paraître ordinaire au regard de la révolution qu’elle implique pour les paysans. En Ouganda comme dans une grande partie de l’Afrique, la conservation de la récolte est la phase la plus critique dans le processus de production des denrées. Le problème se pose avec acuité pour des paysans qui travaillent la terre pour nourrir leur famille tout au long de l’année. “Avant cette formation, notre agriculture n‘était pas très rentable, reconnaît Merab Nabirye. Nous récoltions de façon sporadique et séchions nos produits à même le sol parce que nous ne disposons pas des bâches. Nous avons enregistré beaucoup de pertes. Nous partagions notre maïs avec les rats, et toutes sortes d’insectes. Mais depuis que nous avons appris ces méthodes, il y a une nette différence”.

Faire des ambassadeurs

M. Nabirye fait partie des 16 000 personnes formées par le PAM dans le cadre du programme de minimisation des pertes post-récolte. Cette initiative vise à donner aux paysans des outils pour stocker et manipuler avec efficience le produit de leurs champs. En plus des bonnes pratiques comme celle du séchage, les agriculteurs sont également introduits aux bons usages que sont l’utilisation adéquate des sacs de stockage hermétiques et des silos métalliques et plastiques.

Pour le chef de programme du PAM, le principal avantage ici est surtout sanitaire puisque les silos hermétiques permettent d‘éviter des agents infectieux qui se trouvent dans le sol. Le PAM espère que les personnes formées se feront les ambassadrices de ces nouvelles méthodes dans leurs communautés respectives. Certains des équipements sont, d’ores et déjà, commercialisés en vue de la démocratisation annoncée. Les paysans qui le souhaitent peuvent y avoir accès, mais à des prix subventionnés.