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Frère O'Connell, témoin des mutations de l'athlétisme kényan, raconte

Frère O'Connell, témoin des mutations de l'athlétisme kényan, raconte

Kenya

Agé aujourd’hui de 67 ans, le frère Colm O’Connell est un missionnaire catholique de la congrégation des frères de Saint Patrick. Par le hasard de l’histoire, il est devenu un acteur et un témoin incontournable de l‘évolution de l’athlétisme kényan.

Pourtant, de par sa formation, rien le prédisposait à devenir un formateur des dizaines de champions de réputation mondiale comme Peter Rono, Wilson Kipketer, Linet Masai ou Janet Jepkosgei, entre autres.
Arrivé au Kenya en 1976 à l‘âge de 27 ans, il est destiné à l’enseignement de la géographie aux élèves du Saint Patrick’s High School d’Iten. Progressivement, il prend goût à l’athlétisme et devient l’entraîneur du collège. “Quand je suis arrivé, l’athlétisme kényan était dans une mauvaise passe”, explique-t-il à l’AFP. Le Kenya qui avait commencé à faire parler de lui sur la scène internationale en 1968 aux JO de Mexico – avec notamment Kip Keino, champion olympique du 1.500 m cette année-là, puis du 3.000 m steeple en 1972 – boycotte les Jeux de Montréal en 1976 et de Moscou en 1980.

Peter Rono viendra fermer cette espèce de traversée du désert en remportant la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Séoul en 1984. Une juste récompense pour le frère Colm qui voit ainsi le couronnement de ses efforts. Cela l’amène à créer un centre d’entraînement au Kenya en 1988.

C’est le tournant. Beaucoup d’affairistes comprennent que l’athlétisme peut rapporter beaucoup d’argent. C’est ainsi que des camps d’entraînement se multiplient dans le pays. Au grand dam du frère Colm O’Connell. “Nous avons perdu notre crédibilité. Le fait que l’athlétisme est devenu professionnel à la fin des années 80 a été un tournant très important”, explique-t-il. “Avant ça, le Kenya s’appuyait essentiellement sur quelques institutions pour développer surtout le talent des athlètes plus âgés : le système universitaire américain, les forces armées, la police et le système pénitentiaire.” Mais aujourd’hui le sport-business a envahi l’athlétisme kényan. Les “hommes d’affaires” veulent des résultats immédiats. Sans scrupule.

Des dizaines d’athlètes kényans ont été suspendus pour dopage. “Cela a jeté une ombre sur nos résultats. Nous avons perdu notre crédibilité”, regrette le frère Colm. Les honneurs perdus de l’athlétisme kényan victime du sport-business le chagrinent. “Il faudra du temps pour faire disparaître cette ombre et reconstruire notre réputation. Nous avons occulté le problème pendant longtemps, jusqu‘à ce qu’il nous explose au visage.” termine-t-il.

40 ans plus tard, frère Colm O’Connell continue à former des futurs champions. Loin des techniques modernes, il se base sur la discipline et l’intuition.

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