Afrique
Vue d’Afrique, la rivalité entre les sunnites et les chiites paraît inexistante. Le continent ne donne pas l’impression d‘être concerné par ce duel qui a pris une tournure inattendue ces derniers jours.
La rivalité a largement dépassé le champ religieux pour aboutir à la rupture des relations diplomatiques entre l’Arabie Saoudite, chef de file de la doctrine sunnite et l’Iran leader de la tendance chiite.
Pourtant font remarquer des observateurs, il y a comme un embryon de compétition sur le terrain. Des services d’intelligence de certains pays de la ligne de front contre Boko Haram (Tchad, Niger, Cameroun, Nigeria) sont très attentifs à la générosité sélective de certaines ONG humanitaires musulmanes vis à vis des victimes du conflit.Certains réfugiés semblent curieusement priviligiés “ comme si certains musulmans l‘étaient plus que d’autres” s’indigne cette source.
Des mosquées d’obédience chiite existent, tout comme l’octroi de bourses d‘études et des médias officiels iraniens lorgnent déjà vers l’Afrique, relève de son côté un observateur.
Mais pour l’historien Issa Souhaibou, enseignant à l’université de Maroua (Cameroun) s’exprimant sur Africanews, la probabilité d’exporter cette rivalité entre sunnites et chiites en Afrique sub-saharienne “ est minime pour ne pas dire inexistante, même si le risque zéro n’existe pas”.
Pour l’universitaire, “l‘écrasante majorité des musulmans du continent sont des sunnites portés par l’Arabie Saoudite, les riches monarchies pétrolières du Golfe et leurs fondations. Il n’y a que l’Iran pour soutenir les chiites qui sont très minoritaires sur le continent.”
Le salafisme : le véritable poison
Le professeur Souhaibou explique en outre que “le principal danger est le salafisme, dont la forme la plus extrémiste est représentée par Boko Haram qui prône une islam rigoriste”.
Au-delà des dérives du fondamentalisme musulman, souligne l’universitaire “les Etats africains devraient anticiper en réalisant des cartographies des menaces religieuses et prendre des mesures conséquentes.Il ne s’agit pas seulement de l’islam, Il faut aussi prendre en compte les mouvements évangélistes”.
Cela est d’autant plus urgent que “la majorité des populations africaines sont fragilisées et réceptives à ces leaders d’opinion qui prennent des raccourcis en instrumentalisant les identités religieuses. Nous en avons la preuve chaque jour avec ces enfants qui se font exploser sous l’influence des mouvements comme Boko Haram”
Au fond, conclut le professeur Souhaibou, “il n’y a pas de divergence fondamentale entre les sunnites et les chiites.”
Les chiites se revenquiquent d’Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang. Ils sont partisans d’une interprétation du coran, d’où la structuration poussée de leur clergé. Les sunnites, de leur côté, s’identifient davantage à Abou Bakr, un compagnon de Mahomet, au nom du retour aux traditions tribales. Ils refusent l’interprétation du coran et sont plutôt favorables au respect fidèle de la tradition.”
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