Bénin
L’acteur américano-béninois, Djimon Hounsou, est au Bénin pour le tournage d’un documentaire sur le vaudou, afin de faire tomber les préjugés sur ce rite ancestral.
« A la recherche du vaudou, des racines au ciel », c’est le titre du documentaire actuellement tourné au Bénin par Hounsou. C’est plus exactement à Hêvé, un petit village de la commune de Grand Popo, ville située à environ 125 kms au sud-ouest de la capitale Cotonou, que l’acteur a commencé son tournage depuis mi-décembre. Un retour aux sources pour celui qui a quitté son pays natal à l‘âge de 13 ans et qui, aujourd’hui, tente de capturer « l’esprit » du vaudou. « Je suis comme un Africain qui revient chez lui, qui a besoin de savoir et d’avoir des notions de sa culture », dit-il.
Aux origines du vaudouCulte né dans le golfe du Bénin (Bénin, Togo, Nigeria…), le vaudou tire ses racines d’Afrique, plus précisément du polythéisme Fon et Yorouba, ainsi que des cultes dahoméens. Il a ensuite essaimé aux Antilles et au Brésil dans le sillage de la traite des esclaves puis s’est propagé jusqu’aux Etats-Unis où il est encore pratiqué aujourd’hui. Au Bénin, cette religion bâtie autour des forces de la nature (air, eau, terre, feu) et du culte des ancêtres est très répandue dans le pays. Le dernier recensement, qui date de 2002, avait estimé à 17 % le nombre de vaudouisants contre 27% de catholiques et 24% de musulmans. Mais, certains de ces catholiques et musulmans restent très attachés à cette religion ancestrale, n’hésitant pas à faire appel aux esprits vaudous à travers de petits temples qu’ils gardent chez eux.
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Dédiaboliser le vaudouUn des acteurs noirs les plus connus, Djimon Hounsou, veut faire découvrir au monde cet univers mystérieux du vaudou, mélange de rites divers, moitié religieux, moitié magique. *« Le vodoun (NDLR : terme utilisé au Bénin), c’est une partie de nos traditions, de notre culture »*, explique-t-il, soulignant avoir commencé à se poser des questions sur ce rite « après avoir passé tant de temps en Europe et aux Etats-Unis, et en voyant au sein de la diaspora africaine des traditions qui ressemblent aux nôtres ». Mais ailleurs, le vaudou n’est pas perçu comme une religion, mais plutôt comme une simple magie noire. Une diabolisation à laquelle l’acteur américano-béninois veut mettre un terme. « Vodoun, ça veut dire esprit. Il y a des esprits partout. Le feu qui chauffe le repas peut brûler ta maison. L’eau qui étanche la soif peut te noyer. Donc le vodoun est partout », pense-t-il.
Pour lui, le cinéma a contribué à peindre négativement ce culte ancestral, comme le célèbre opus de James Bond « Vivre et laisser mourir » où un dictateur utilise le vaudou pour inspirer la peur aux habitants d’une île des Caraïbes. « Cette vision remonte à l’esclavage, dit l’acteur de 51 ans. C’est pour ça qu’il faut éclaircir ce qui définit le vodoun. Ceux qui pratiquent ici ne sont pas des méchants, ni des sauvages ».
Le chemin du VodounDjimon Hounsou se veut clair, son objectif n’est pas de promouvoir le vaudou. « Il n’en a pas besoin ! Il existe depuis des siècles, il est toujours là. Il ne te force pas à venir vers lui et ne discrimine pas », explique-t-il sur la scène du tournage du documentaire coréalisé avec le journaliste Sierra-Léonais Sorius Samura. Les deux hommes se sont rencontrés il y a neuf ans sur le tournage de « Blood Diamond », basé sur son documentaire « Cry Freetown » qui racontait la guerre civile dans son pays.
« On s’est dit qu’il était temps de changer la narration sur l’Afrique. Et le vaudou est une histoire qui a été très mal racontée. On pense sorcellerie, magie, mal. Même nous les Africains, parce que c’est tellement rentré dans notre psyché. Ce qu’on veut faire, c’est comme peler un oignon pour que les gens comprennent ce qu’il y a au cœur », témoigne le journaliste, plusieurs fois primé pour son travail. L‘équipe est venue à Hêvé filmer des adeptes de Dan, divinité de l’air, et de Mami Wata, divinité aquatique, vêtus de pagnes blancs et parés de perles. Djimon Hounsou se mêle à une procession et entre dans une concession pour une cérémonie. Chez les femmes, seules les initiées peuvent approcher.
Les tam-tams résonnent, les chants s‘élèvent au-dessus de la palissade. Le village n’a pas été choisi au hasard. « A Hêvé, ces divinités sont encore grandement conservées et les adeptes sont restés sur le chemin du vodoun », explique David Koffi Aza. « Cela veut dire que le village n’a pas été investi par les religions importées », ajoute ce prêtre du Fâ, science divinatoire utilisée dans le vaudou, qui sert de guide pendant le tournage du film dont le budget n’a pas été dévoilé. Le tournage doit se terminer le 10 janvier, jour de la fête du vaudou célébrée partout au Bénin, et le documentaire devrait sortir courant 2016.
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