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Mozambique: les ennuis des petits fermiers

Mozambique: les ennuis des petits fermiers

Mozambique

Le Mozambique a adopté une politique de culture du soja à grande échelle. Malheureusement, cette politique ne se fait pas sans grincement de dents.

Des paysans obligés de céder leurs terres, à bas prix. Cela se passe à Mutuali, dans le nord du Mozambique, zone réputée pour sa fertilité, sa richesse en gaz naturel et en charbon. En effet, une centaine de familles a été obligée de céder ses terres, pour permettre l’installation d’Agromoz.

Cette entreprise du groupe Amorim, appartient à l’homme le plus riche du Portugal ainsi qu‘à Intelec, l’une des sociétés de l’ancien président mozambicain Armando Guebuza.

La loi du plus puissant ?

Agromoz a signé en 2012, un contrat avec le gouvernement du Mozambique, pour une culture du soja sur une surface totale de 10.000 hectares. Malheureusement, cela se fait dans la douleur, car des paysans dont les terres ont été rachetées par Agromoz, se sont vus pratiquement expulsés de chez eux.
C’est le cas de Regina Macomba, agricultrice : “Ça s’est très mal passé. Trois jours après nous avoir indemnisé, les bulldozers étaient là pour détruire nos maisons et nous avons dû emmener nos biens et notre nourriture en pleine nuit en portant tout sur nos têtes.”

Pour le rachat de sa maison et de ses champs de deux hectares en 2013, Régina Macomba a touché 6.500 meticals. (130 euros). Ce qui équivaut à deux mois de salaire minimum, au Mozambique.
Non loin de là, Arnaldo Francisco, lui aussi agriculteur, a connu la même situation. Il a été exproprié de ses terres la même année (en 2013) par Agromoz et l’Etat mozambicain et n’a pas eu
jusqu‘à ce jour, l’occasion de terminer sa nouvelle maison.

Agromoz de son côté se défend, par le biais d’ André Luft, son directeur général : “Ce n’est pas l’entreprise qui fixe le montant des indemnisations que l’on doit payer par famille, mais le gouvernement mozambicain.”

Agromoz justifie aussi l‘éviction précipitée des paysans par le retard accusé lors du processus de consultation des communautés.

https://static.euronews.com/articles/31/90/319059/x_bonus-Mozambique4.JPG

De son côté, Antonio Muagerene, secrétaire du PPOSC, une plateforme provinciale regroupant des organisations de la société civile, affirme ceci: “La situation à Agromoz est explosive, personne ne sait ce qui peut se passer (…) Ce qu’il se passe avec Agromoz n’est pas un cas isolé. Il faut reconnaître la faiblesse institutionnelle de notre Etat.”

http://u.afp.com/ZAPv

Un projet encore plus controversé

Alors que d’autres fermiers risquent d‘être expulsés à cause du projet Agromoz (qui n’est qu‘à 2000 hectares exploités sur les 10.000 à couvrir), un autre projet encore plus vaste se met en place : celui de Prosavana. Un programme titanesque qui concerne 10 millions d’hectares, soit 27% des terres arables au Mozambique. Un accord tripartite entre le Mozambique, le Brésil et le Japon, a été signé à cet effet en 2009.

Le projet vise à utiliser des méthodes d’agriculture extensive employées dans le Cerrado brésilien pour cultiver du soja, qui pourrait être destiné à l’exportation. Ce projet est fortement contesté par les associations paysannes et pour cause: 5 millions de Mozambicains vivent en situation d’insécurité alimentaire chronique.

Après la levée de boucliers des fermiers en 2013 contre le programme Prosavana, le gouvernement mozambicain a revu ses ambitions en présentant une nouvelle version du projet. Celle-ci met plus l’accent sur les préoccupations des petits exploitants. Le gouvernement travaille désormais à incorporer les dernières demandes de la société civile, si l’on en croit les propos d’Antonio Limbau, coordinateur de Prosavana.

Pedro Massava, le représentant des paysans de Mutuali, reste fermement sceptique quant à la bonne marche de ce projet: “Agromoz nous a servis de leçon, on a vu comment ils traitent les gens. Il va se passer la même chose avec Prosavana.”

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